Cette œuvre possède une étrange histoire. Parmi un lot de diapositives des années cinquante et soixante acheté sur le web, j’en choisis six cents que je découpai et recadrai. Mais en cours de travail, je perdis mes fichiers. Des messages d’erreurs annonçaient Fins de fichiers inattendues, d’où le titre du projet. Parmi les images que je pus récupérer, j’en sélectionnai une cinquantaine. La majorité d’entre elles étaient parasitées de bruits numériques. De larges zébrures bloquaient les visages ou des parties des corps photographiés. Y voyant une manière de souligner la fragilité des images photographiques, je décidai de m’en servir.

Les photographies souffrent d’une grande instabilité. Elles s’effacent, se perdent ou se font avaler par nos ordinateurs. Leurs traces sont aussi fragiles que notre mémoire. Les photographies de famille éparpillées par les descendants interpellent mon travail d’artiste. À la transmission d’une histoire commune se substituent l’oubli et la perte de nos origines. Vieilles dames sagement assises, garçon aux bottes de cowboy, enfants emmitouflés, lapin en peluche, tissent dans Fins de fichiers inattendues la trame d’une histoire familiale reconstituée. L’image-souvenir devient ainsi celle d’une enfance réinventée où chacun de nous peut construire sa propre histoire. Le ferez-vous?

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