Grâce à un logiciel utilisé par les services policiers pour dresser des portraits-robots de suspects, j’ai créé de mémoire de faux portraits de ma famille. Si vous regardez attentivement chacun d’eux, vous remarquerez qu’ils sont traversés par des photographies racontant des épisodes de l’histoire portugaise. Le conflit colonial avec le Mozambique laboure les traits de mon grand-père Manuel, des manœuvres sur le pont du 25 avril celui de João. Ouvrières tressant le rotin, soldats de la première guerre mondiale, équipe de foot, portrait de bourgeois dans un jardin, paysages dévastés, les scènes en filigrane élargissent mes racines familiales à l’histoire d’un peuple. Si mon autoportrait ressemble, à l’opposé, à une terre vierge, c’est pour que leurs vies et le monde dans lequel ils évoluèrent enracinent mon appartenance et me propulsent au-delà.
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