Les photographies de famille vendues sur le web me touchent particulièrement. Qui furent ces personnes posant devant la caméra? Quels étaient leurs noms, leurs occupations, leurs amours ou leurs peines? Qui peut le dire? Elles ne sont plus que des figures délestées de toute identité. Leurs images, malgré leur état fragile, restent le seul témoignage de leurs existences. Sur un terrain vague sous l’échangeur Turcot, aussi anonyme et abandonné que les photographies des inconnus, je creusai une cinquantaine de tombes où j’enfouis les photographies. Des croix de fortune en marquèrent l’emplacement. Ce cimetière de photographies abandonnées se voulait un lieu de mémoire pour ces inconnus figés par l’œil de la caméra. J’ai photographié et filmé le tout afin de garder une trace de mon intervention.
L’opuscule Concession : glossaire illustré rend compte des étapes du projet. Procédant par mots-clés tels Artéfact, Relique ou Motif, il juxtapose l’univers de l’installation à des photographies plus intimes guidant mes questionnements d’artiste. Si pour plusieurs une concession est un lot de cimetière, elle renvoie aussi à tout ce que l’on abandonne si aisément. Comment retenir les traces du passé? C’est le défi posé à ceux qui restent.
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